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I Dimanche de l’Avent

L’attente laborieuse   

Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout  pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison  reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ».   Mc 13,33-37

Lorsque je lis ce passage de l’évangile qui nous incite à une attente laborieuse, je ne peux pas ne pas me souvenir des étés à Montecatini Alto  Les longues promenades le long des murs d’enceinte qui entourent la ville : je parcourais en long et en large ces avenues plantées d’arbres, je marchais à grands pas rapides alors que mes pensées couraient encore plus rapidement vers l’avenir dont je rêvais. Au début de l’été, à la fin de l’année scolaire, mes parents m’envoyaient passer mes vacances chez ma grand-mère Barberina qui m’attendait pour pouvoir rentrer dans sa petite maison où elle avait habité pendant toute sa vie, forte de ma compagnie. En effet, toute seule elle n’aurait plus pu y habiter, mais avec moi elle pouvait à nouveau ouvrir ce portillon en bois, ces persiennes verdâtres qui grinçaient un peu et permettre à la lumière d’éclairer d’une vie nouvelle les chambres et les années lasses de sa vieillesse.

Une alliance profonde s’était établie entre nous deux : je l’aidais à gérer la maison et elle me préparait à mon avenir de femme. J’apprenais à polir les briques rouges du carrelage, à repasser soigneusement le linge que chaque année elle sortait de ses armoires suivant un rite solennel ; je l’aidais aussi à mijoter des bons petits plats avec l’huile à peine sortie du moulin à huile, qui se trouvait juste à côté de notre cuisine.

Pendant que je m’appliquais à ces besognes, elle m’observait d’un regard un peu sévère, elle me corrigeait et surtout elle m’apprenait à aimer ces tâches de femme, en les considérant précieuses pour le bonheur de la famille. Je l’écoutais attentivement et lorsqu’elle allait se reposer, je sortais faire de longues promenades, tout en me projetant dans mon avenir d’épouse et de mère. Je rêvais les yeux ouverts d’une maison, d’un jeune homme qui m’aurait marié et de beaucoup d’enfants qui auraient comblé nos vœux. Je me souviens, surtout, d’un rêve qui me rendait heureuse : j’étais dans la cuisine et j’étais entourée d’une multitude d’enfants qui chahutaient ; je leur distribuais le goûter et ensuite je les envoyais jouer. Au fil des années, j’ai réellement vécu ce rêve plusieurs fois de suite : d’abord avec mes enfants et maintenant avec mes petits-enfants, consciente d’avoir pu tirer profit des enseignements de mamie Barberina. Dans sa simplicité, elle m’a préparé aux aspects les plus importants de ma vie, en transformant ce qui aurait pu devenir une routine ennuyeuse de travaux ménagers en une succession de petits rites qui étaient denses de signification et riches d’amour pour la famille. Mamie Barberina n’aimait pas gaspiller son temps : j’ai appris, grâce à elle, à être toujours laborieuse en attendant un avenir qui se construit au jour le jour ; mais avec sa foi profonde, elle m’a surtout appris à regarder plus loin que le bout de mon nez, consciente d’être, un jour, appelée à présenter mes jours au Seigneur de qui ils proviennent.

Le souvenir de ces enseignements me comble de gratitude ; et, il y a quelques mois, en retrouvant mon ancien certificat de baptême, j’ai découvert, par hasard, que je porte aussi son nom : combien je suis fière d’être, moi aussi une mamie Barberina !

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